Etape 4: Cartographie

Des cartes sont dressées grâce aux données géo-référencées sur le terrain la première année.  Mais les systèmes cartographiques anciens –en particulier celui de l’époque coloniale  française-étaient complexes et sont difficilement exploitables par les systèmes modernes. Il  faut donc revoir tous les fonds d’archives cartographiques pour réussir à établir des cartes exploitables.

La collecte des cartes 

La recherche de cartes anciennes des deux provinces vietnamiennes de Thừa Thiên – Huế et de Quảng Trị s’est concentrée dans un premier temps sur les archives présentes sur le territoire français. Pour cela, le projet prévoit de dépouiller les archives de l’Institut Géographique National (près de Paris), des Archives Nationales d’Outre-Mer (à Aix-en-Provence), des Archives de la Défense (Vincennes), ainsi que la bibliothèque de France (Paris).

On dispose actuellement d’un jeu de cartes couvrant la période de la colonisation française, soit de 1875 à 1953. Il a été exécuté par le service géographique national à l’aide de relevés précis sur le terrain. On dispose actuellement de cartes régionales datées de 1875, 1877, 1880, 1883, 1886, 1889, 1893, 1897, 1899, 1901, 1908, 1923, 1925, 1929, 1940 et d’un ensemble de photographies aériennes prises en 1952-53. Les cartes à grande échelle (supérieure à 1 : 500 000e) n’ont pas pu être incluses dans cette étude car elles ne fournissent pas un niveau de détails suffisant.

Pour toutes les cartes repérées comme potentiellement intéressantes, il faut obtenir une image que l’on détoure (c’était le travail de l’infographiste dans le financement PACHA), puis que l’on géo-référence sous ArcGis (licence ESRI, France). La validation des points « d’accrochage » (ou points d’amer) est complexe et longue. Puis Les cartes ainsi géo-référencées sont assemblées entre elles. Et enfin, il va falloir réaliser la vectorisation de chaque carte (digitalisation des cartes dans le système de référence pseudomercator). Chaque nouvelle carte vectorisée pourra alors être superposée aux autres, dès lors que les coordonnées des points ont tous été transformées dans la même projection de Bonne.

La focalisation des documents uniquement sur la région de Thừa Thiên – Huế et de Quảng Trị présente un réel intérêt historique, en ce sens que l’espace a été le berceau des premiers Chams et qu’il est devenu le berceau des Seigneurs, puis des Empereurs Nguyễn. Une représentation précise des sites et lieux historiques sur des documents spatialisés avec précision permet pour la première fois de rendre compte de la dynamique spatiale de la région. Elle autorise aussi la compréhension des effets de la temporalité dans la modélisation des données spatiales.

La recherche des documents s’est divisée en deux catégories : la première concerne les ensemble de textes et de cartes en langue occidentale et la deuxième, les documents écrits en sino-vietnamien (Hán Nôm) ou en chinois.

Les cartes « occidentales »

Aux Archives d’Outremer d’Aix-en-Provence, on a pu consulter les archives papier et les cartes et plans et acquérir la version numérisée de 42 documents, datés de l’époque de la colonisation française, de 1876 à 1952. Ces documents sont actuellement préparés pour le géo-référencement, mais non encore traités.

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A l’Institut Géographique National (IGN), de très nombreux documents graphiques ont pu été sélectionnés, et les cartes d’état-major (au 1 :100.000 et au 1 :25.000) acquises. Le calage des cartes est extrêmement long, car il faut traiter les documents un par un avant de les assembler. Les images finales restent très lourdes.

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Les cartes « asiatiques »

La consultation de cartes chinoises ou sino-vietnamiennes a permis de conclure que leur exploitation est extrêmement difficile, car ces cartes ne sont pas géographiques, mais militaires et politiques. Elles représentent des espaces sociaux, sans ancrage réel dans la topographie. De plus, elles sont généralement présentées à une grande échelle qui rend l’étude locale impossible. Cependant, quelques exemples de cartes sont actuellement collectés, tels, par exemple, le Portulan de 1477 ou la Géographie descriptive de l’empereur Đồng Khánh, fin du 19ème siècle (Ngô Đức Thọ, Nguyễn Vǎn Nguyên, Philippe Papin (2003), Đồng Khánh địa dư chí = Géographie descriptive de l’empereur Đồng Khánh = The descriptive geography of the Emperor Đồng Khánh , Hà Nội : Thế giới).).

Les cartes chinoises ou sino-vietnamiennes ne sont pratiquement pas publiées et leur accès dans les archives locales au Vietnam est difficile, voire impossible. Une recherche bibliographique a permis de conclure que des cartes locales existent et qu’elles sont datées de 1490 à nos jours. Cependant, ces cartes anciennes sont apparemment impossibles à géoréférencer, car il s’agit de cartes plus politiques (voire militaires) que géographiques et, surtout, elles comportent de nombreuses informations écrites directement sur les cartes qui sont indispensables à leur compréhension. Chaque croquis géographique ne peut donc être dissocié des commentaires et explications directement écrits sur le document ; ces cartes comportent beaucoup de textes écrits en Hán -Nôm (sino-vietnamien) qui expliquent le schéma procuré comme base visuelle.

Ainsi, les cartes asiatiques doivent être déchiffrées avant toute utilisation car elles comportent des informations écrites indispensables à toute étude sur la résilience du paysage. Cette étape de déchiffrement est en cours.

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Les vues aériennes

L’IGN conserve un fonds complet de photos aériennes sur la région. J’ai fait le choix d’acquérir progressivement ces clichés, car ils présentent une vue unique du terrain au milieu du 20ème siècle. Les vues aériennes au 1 :40.000 sont en cours de géo-référencement. Elles permettront d’obtenir une vue totalement réaliste du terrain en 1952-1953 et de visualiser les implantations des sites chams.

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