Evolution des ouvertures sur la mer

On peut affiner cette recherche avec l’étude comparée de cartes avec les Annales et d’autres textes en sino-việt, qui, par exemple, rapportent l’évolution des ouvertures sur la mer.

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Carte de Hong Duc. 1490.

L’ovale rouge repère le territoire étudié. Les rivières font office de frontières naturelles entre les districts, les noms desquels sont clairement indiqués dans des cartouches. Seuls autres éléments importants notés : les noms des embouchures de fleuves. Les indications écrites montrent que ces documents cartographiques pouvaient servir à l’administration royale de Thang Long (Hanoi moderne) qui tenait des registres des villes et villages par districts.

Par exemple, là où la rivière de Huế, ou rivière des Parfums, se jette dans la mer trois voies différentes se sont ouvertes selon les époques, à Hoà Duân, à Thuận An et à Thai Duong Ha.

Pour chaque passe, on dispose de témoignages écrits en sino-vietnamien permettant d’en cerner les évolutions. Ainsi, la passe dite de « Thuận An » s’est ouverte en 1404, fermée en 1467 et réouverte en 1504…. Refermée… Réouverte en 1740, pour être enfn définitivement refermée à la suite d’un raz-de-marée en 1897. Une certaine confusion règne dans la manière de nommer ces passes ; ainsi, l’ouverture sur la mer qui s’est créée en 1897 – qui est celle qui existe toujours aujourd’hui- porte le nom d’estuaire de Thuan An, alors même qu’elle se trouve formellement au village de Thai Duong Ha. Et la passe de Thai Duong Ha, ouverte en 1467, se ferme en 1504 et va finir par se rouvrir jusqu’à devenir la principale ouverture sur la mer depuis 1897.

Selon les cartes, on peut voir cette évolution du paysage et comprendre à quel point les ouvertures sur la mer pouvaient se modifier rapidement et entraîner d’importantes modifications dans les voies de communications.

Par exemple, une carte française de 1883 montre toutes les fortifications qui protégeaient la passe de Thuan An (ouverte entre 1740 et 1897). En 1882, l’empereur Tự Đức fait renforcer les ouvrages de Thuận An qui défendent l’entrée de la rivière de Hué. Sur les photos aériennes de 1952 cette même passe est fermée et on constate l’ouverture de deux passes vers le Nord, à Hoà Duan et à Thai Duong Ha.

Vue aérienne. Modification de la passe de Thuan An à l’embouchure de la rivière de Huế

Comparaison entre une carte française de 1883 montrant les fortifications édifiées en 1882 par l’empereur Tự-Đức et des photos aériennes de 1952-53 sur lesquelles la passe de Thuan An s’est fermée au profit des passes de Hoà Duân et Thai Duong Ha.

Ainsi, une première approche de la documentation cartographique tant occidentale qu’asiatique montre qu’une approche pluridisciplinaire est nécessaire, car les différentes cartes peuvent être étudiées de manière complémentaire et enrichissante. Elles permettent ainsi d’apporter des éléments d’analyse supplémentaires dans le cadre d’une étude sur le processus de formation, d’évolution et de décadence de la lagune Tam Giang-Cau Hai.

L’apport de la documentation écrite est indéniable pour l’étude de la résilience du paysage et les publications en langues occidentales et vietnamienne, incluant les Annales en sino-viêt (Hán Nôm), sont étudiées dans le cadre du projet PACHA.

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Première carte française de la région. 1875.

Elle montre les principaux cours d’eau et accès à la mer.